C’est le message que veulent faire passer les tatoueurs professionnels, réunis jusqu’à ce soir au parc Chanot, à l’occasion de la manifestation « Les Nuits du tatouage »
Jusqu’à ces dernières années le tatouage était signe de ralliement de quatre catégories d’individus évoluant chacun dans un milieu bien particulier et cloisonné : le miliaire, le marin, le motard et le détenu. Le tatoué était forcément un dur. Et un homme, cela va de soi : une femme qui aurait livré sa peau à l’aiguille du tatoueur aurait suscité des regards méfiants. Mais les temps changent : le tatouage n’est plus l’apanage des gros bras. Il sort de son ghetto, à tel point que l’on organise des salons en son honneur : en juin dernier, « Tatouage expression » à Paris a attiré plus de 15000 personnes. Et depuis vendredi soir se tiennent au parc Chanot à Marseille « Les Nuits du tatouage »
« Nous mettons l’accent sur trois aspects explique Mme Nathalie Munoz directeur associé de la société « Européenne de développement » qui organise ce salon : d’abord nous voulons montre au public qu’il s’agit d’une véritable expression artistique. Ensuite nous touchons un public de plus en plus large. Enfin nous sommes en contact avec des professionnels reconnus, qui travaillent tous en respectant les normes d’hygiène en vigueur ».
Les organisateurs ont voulu toucher la plus large cible possible. Ils lui proposent, outre la présence de tatoueurs professionnels des stands où l’on peut décorer son corps avec un tatouage éphémère, au henné, ou son visage grâce à un maquillage permanent. Des démonstrations de « body painting » – qui consiste à se faire peindre une grande partie du corps – sont également présentées aux visiteurs.
Le tatouage est donc véritablement en train de naître. Ou plutôt de renaître, si l’on en croit Bernard Lompré, qui exerce son art à Sanary : « Le tatouage existe, omniprésent depuis l’âge de pierre. A l’origine il est une cicatrice reçue au combat par un guerrier ». D’aléatoire, elle deviendra volontaire et servira a montrer le courage d qui se l’inflige. « Puis dans la plupart des civilisations antiques, le tatouage devient un signe chargé de protéger ou de guérir, un signe sacré. C’est sans doute la raison pour laquelle l’Eglise l’interdira, ce qui lui donnera un coup d’arrêt. Le tatouage sera réintroduit en Occident par les marins ».
Aujourd’hui Bernard Lompré considère le tatouage comme un « art corporel » au même titre que de se maquiller, de se mettre des boucles d’oreilles, de bien se vêtir, s’acheter des lunettes de marque ou de soigner son bronzage. La seule différence est qu’il dure plus longtemps…
Réponses à quelques questions
Que faire si on a déjà tatouage et qu’on en est lassé ?
Si le dessin est petit le tatouage peut le recouvrir, l’habiller avec un motif plus esthétique. Si le dessin est gros pas de panique : de nouveaux lasers, inventés voici trois ans les enlèvent en une seule séance, et sans abîmer la peau – si ce n’est qu’ils provoquent une dépilation définitive de la zone traitée.
Combien y a-t-il de tatoueurs professionnels en France ?
On trouve environ 500 enseignes. A noter qu’une enseigne peut abriter deux ou trois tatoueurs.
Combien de temps cela prend-il de se faire tatouer ?
Tout dépend bien sûr de la grosseur du dessin et de sa complexité. Un rond d’épaule d’une dizaine de centimètres de diamètre demande une heure de machine. Si l’on veut un motif coloré, les tatoueurs commencent en général par la partie noire du dessin, puis font revenir la personne prés cicatrisation complète, trois semaines plus tard. A titre indicatif un dos complet nécessite un total de 25 à 30 heures de travail.
Combien cela coûte-t-il ?
Là encore tout dépend du dessin. Un petit tatouage simple coûte quelques centaines de francs. Pour un beau tatouage d’épaule il faut compter un millier de francs. Et l’on peut aller bien au-delà.
Est-ce douloureux ?
D’une manière générale, la réponse est oui pour les parties du corps qui possèdent beaucoup de terminaisons nerveuses : les doigts, les articulations, le visage. Inversement, l’aiguille ne fait pas trop mal sur les épaules, les omoplates, le bas du dos, les parties du corps habituées aux frottements, comme l’extérieur des bras. Mais avec les machines actuelles, ce n’est plus trop douloureux. Ce qu’on peut déplorer : ne dit-on pas qu’il faut souffrir pour être beau ?