Les hautes compétences du tatoueur:
Tatouer aux Marquises était un art hautement ritualisé. Des traditions complexes dirigeaient tous les aspects du tatouage, incluant qui devait recevoir le tatouage, quand et où, qui devait être présent, comment les outils devaient être tenus, dans quelle séquence les surfaces du corps devaient être couvertes, le dessin qui devait être utilisé, le paiement pour le tatoueur, ou TAHUA, et la fête pendant laquelle les nouveaux tatouages seraient dévoilés. En plus d’être un hautement talentueux artiste, le Tahua était entraîné à accomplir tous ces aspects avec le plus strict respect de la tradition, ce qui, en termes Polynésiens consiste à ne pas franchir de tabu. Cet entraînement avait pour objectif, d’une part la continuité de design et la haute qualité d’exécution des œuvres.
Qui pouvait se faire tatouer ?
L’accès à la profession de Tatoueur n’était conditionné que par le talent. Celui qui montrait des compétences particulières en dessin, était conduit au tahua et devenait son apprenti pour apprendre l’art et les procédures associées. Les gens pauvres ou encore les femmes pouvaient se faire tatouer par l’apprenti contre un paiement minime. La classe la plus pauvre, les pêcheurs, qui n’avaient même pas les moyens de se payer le salaire de l’apprenti, continuaient sans aucun tatouage. Comme partout dans le pacifique, le tatouage était réalisé pour des raisons d’esthétique. Il était aussi utilisé dans le but d’attirer l’autre sexe.
Un chant de tatoueur en marquisien dit:
On tatoue, on te tatoue un peu, oui ?
Qui sait qui viendra regarder le tatouage de ce copain?
Une superbe minette va venir, ça oui!
Pour bien regarder le tatouage de ce copain, vous comprenez?
Dresse ton sexe bien raide!
Le tatouage des femmes
Ils étaient bien moins complexe que celui du fils du chef, il n’y avait pas de préparation particulière, ni rituel, ni cérémonie. Langsdorff a réalisé une illustration d’une femme se faisant tatouer dans l’environnement informel de sa propre maison. Il a de plus assisté à une fête donnée en l’honneur du nouveau tatouage d’une femme. Il écrit: « Parfois un riche insulaire, par générosité, pour se montrer ou encore par amour pour sa femme, va organiser une fête en son honneur. Puis, elle a un bracelet tatoué, ou encore une décoration d’oreille. Pour la fête, un porc est tué, des amis, hommes et femmes sont invités à partager le repas; il s’agit là d’une rare occasion où la femme est autorisée à manger de la viande de porc.
La main droite et le pied gauche:
Les tatouages étaient plus une obligation qu’une marque de distinction pour les femmes. Il y avait un nombre de tabous, par exemple le tatouage des mains et la préparation ou consommation d’aliments. La main droite d’une fille devait être tatouée à l’âge de douze ans afin de pouvoir préparer l’aliment traditionnel dit: poipoi. Un homme tatoué ne pouvait manger en compagnie de femmes; un homme incomplètement tatoué ne pouvait manger avec un homme aux tatouages complets. Enfin la marque du mariage était le tatouage de la main droite et du pied gauche.
Le tatouage des femmes était bien moins important que celui des hommes qui, eux, étaient généralement tatoués de la tête aux pieds. Les femmes, en général étaient plus partiellement tatouées, avec des dessins limités aux oreilles, aux lèvres, aux bras, mains et pieds. Parfois les tatouages des bras remontaient jusqu’aux épaules. Les femmes de rang ou encore les riches pouvaient se faire tatouer les jambes, mais ce n’était plus une obligation.