Les premières célébrités du tatouage:
C’est grâce aux explorations du Capitaine Cook que l’art du tatouage fut réintroduit dans les cultures Européennes. Non seulement, beaucoup de voyageurs revenaient avec, eux mêmes, des tatouages, mais beaucoup d’autres revenaient accompagnés de naturels du Pacifique afin de les montrer dans des foires, dans le but d’obtenir célébrité et fortune…
Le prince Giolo:
Le premier habitant du pacifique ainsi exhibé dans les foires en Europe semble avoir été le Prince Giolo, domestique de l’explorateur français Dampier, en 1691. Dans son journal, Dampier raconte l’étrange destin de cet homme.
Selon Dampier, Giolo était originaire de l’île de Meangis, une petite île située au Sud Ouest des Philippines. Faisant partie de l’Indonésie, Meangis est à égale distance des Carolines, un archipel Micronésien. Le style des tatouages de Giolo, est ressemblant à ceux des Carolines. Le Prince Giolo, sa famille et bien d’autres ont été capturés afin d’être vendus à Mindanao en tant qu’esclaves
le Prince Giolo et sa mère ont été achetés en même temps par un habitant de Mindanao qui avait été baptisé par les espagnols et reçu le nom de Michael. Qui tenta de battre et abuser de son serviteur décoré pour tenter de le faire travailler, mais en vain. Ni les promesses, ni les menaces ni les coups ne parvenaient à le décider à se mettre au travail.
Un certain monsieur Moody racheta pour la somme de soixante dollars Giolo et sa mère. Moody traitait Giolo avec décence, et, au Fort Saint George, il rencontra Dampier.
L’espoir nommé Dampier
Moody proposa à Dampier de raccompagner Giolo et sa mère, dans leur île d’origine, afin qu’ils y fondent un comptoir de commerce d’épices.
Dampier aima l’idée et embarqua Giolo et sa mère, qui mourut peu après de variole. Malheureusement les îliens du Pacifique n’avaient aucune immunité naturelle aux nombreuses maladies introduites par les Européens. Giolo était lui aussi malade, et, d’après Dampier: « Je prend soins de lui avec autant d’attention que si il était mon propre frère ou ma propre soeur.
Puis Dampier décida de conduire Giolo en Europe, afin de le montrer dans les foires, et gagner ainsi l’argent permettant la construction de son bateau personnel. Pourtant face à une série de circonstances, Dampier fut obligé de vendre Giolo avant son retour en Europe. Les nouveaux propriétaires de Giolo étaient plus diligents dans l’intention de l’exhiber sur des foires plutôt que d’organiser son retour. Enfin Giolo rejoint Oxford où il fut exhibé, le Prince mourut ensuite de variole.
Plus tard Dampier tomba sur une publicité décrivant l’exhibition de Giolo, en Angleterre, Il était indiqué que les tatouages de Giolo lui donnaient des pouvoirs magiques tels que les animaux vénéneux étaient impuissants. C’est pourquoi ils le représentaient ainsi entouré de tellement de serpents qui rampaient autour. Giolo qui était tout aussi effrayé que Dampier par les serpents, scorpions ou autres cent pieds… C’est ainsi que, beaucoup de cette histoire, et en particulier l’inclusion des reptiles était un pur embellissement à l’européenne, dans l’intention de renforcer l’attrait exotique de Giolo et attirer un plus large public et gagner plus d’argent.
Les tahitiens du Capitaine Cook:
Le capitaine Cook avait divers insulaires à son bord, dont notamment deux tahitiens: Omai et Tupia, afin de servir d’interprètes et de guides.
Tupia fit rapidement connaître ses talents de navigateur, en situant quelque 74 îles et en reconnaissant plus d’une centaine. De son côté Omai apprenait rapidement et ses compétences étaient plus sociales ou mondaines. Peu après son arrivée en Europe, Omai est devenu une légende, des pièces de théâtre ont été composées sur lui, son portrait fut peint par Sir Josuah Reynolds, président de l’académie Royale d’Angleterre. Il ne reste que peu d’information à propos de ses tatouages, sauf quelques remarques par rapport aux marques sur ses bras.
Jean Baptiste Cabri
L’un des plus anciens européens à se faire tatouer est le français Cabri.
Jean Baptiste Cabri débarqua d’un navire, peu avant 1800. A la même époque, Edwards Robart, un autre débarqué de navire, s’installa aux Marquises en 1799, a écrit de très intéressantes histoires sur la vie de Cabri qu’il considérait fou. Robarts était très énervé par les interférences de Cabri, dans son commerce avec les explorateurs qui passaient par les Marquises. Cabri retourna en Europe où il se montra dans les foires. sa peau est connue pour avoir été préservée et montrée en public.
James O’Connell
Il était connu comme l’irlandais tatoué, il fut tatoué à Ponape, en Malaisie, vers la fin des années 1820. Sa publicité ne montrait que les tatouages des bras, c’était spécialement un danseur et un diseur d’histoires. Il dramatisait l’histoire de sa capture et apparaissait torse nu afin d’exhiber la totalité de ses tatouages. Il décrivait l’expérience de son tatouage de la manière suivante: Le tatouage dura huit journées, couvrant ainsi différentes parties de mon corps, mon dos, mes jambes, mon ventre ont aussi été tatoués, jusqu’à ce que ma peau ressemble à celle d’un rhinocéros, et pas seulement la peau!
Cette mention de tatouages sur le torse n’est pas une caractéristique des tatouages de Ponape, normalement limité aux bras et jambes. D’autres observateurs ont reconnu sur O’ Connell des tatouages caractéristiques des îles Fidji; une île où O’Connell passa sur le Spy, le bateau de retour vers l’Europe en 1833. A son retour en Amérique, O’Connell trouva engagement au Lion Circus en 1936, devenant ainsi le premier homme tatoué se produisant en public en Amérique. James O’Connell fit une carrière de cirques: Welch Circus, Barnett Browday Circus, Barnum’s American Circus, Dan Rice’s Circus, avant de décéder vers 1850.
John Rutherford
Un autre Européen qui reçut des tatouages dans le Pacifique, fut John Rutherford dit Le Chef Blanc. Il a reçu le facial Moko en Nouvelle Zélande. Bien que son tatouage facial soir réellement une marque traditionnelle Maori, les tatouages supérieurs de sa poitrine sont similaires à ceux rencontrés dans les îles de la Société, aussi bien sur tapa qu’en tatouages. Les tatouages abdominaux ressembleraient à ceux des Tuamotus, Il semblerait possible qu’après avoir reçu le Moko en Nouvelle Zélande, Rutherford eut envie de se couvrir d’autres marques qui devraient le rendre encore plus sensationnel encore. Apparemment son succès devait être garanti.
Les exemples cités plus haut sont des cas historiques où des occidentaux ont pu recevoir des tatouages. Leurs connaissances était toutefois limitée au style caractéristique des tatouages eux-mêmes. En définitive, bien peu d’attention a été portée sur le contexte social et culturel de ces marques dont l’aspect visuel n’en n’est qu’un faible aspect. Dans la pluspart des cultures du Pacifique, le tatouage était bien autre chose qu’un art décoratif. Il faisait partie intégrante de la religion, de l’économie, des lois sociales, des traditions, et devaient être replacés dans leur contexte.